Le réseau de surveillance de l'antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) a publié en novembre 2018 son rapport pour l’année 2017. Avec 56 286 antibiogrammes colligés en 2017 et la participation de 71 laboratoires privés et publics en France, le réseau a encore sensiblement étendu son activité. Les niveaux et tendances des résistances des souches Escherichia coli aux antibiotiques d’importance critique témoignent d’une évolution favorable des résistances ces dernières années. Depuis dix ans, la tendance globale de la résistance est à la baisse pour presque tous les antibiotiques et pour presque toutes les espèces animales étudiées. S’agissant de la résistance à la colistine, les données montrent une situation maîtrisée sur dix ans avec une augmentation significative de la proportion de souches sensibles. En 2017, comme pour les années précédentes, la multirésistance des souches de E. coli reste plus élevée en filière bovine que dans les autres espèces animales considérées. Enfin, concernant les autres espèces bactériennes surveillées par le réseau, la proportion élevée de souches de Staphylococcus pseudintermedius résistantes à la méticilline chez les chiens (20%) constitue la principale problématique.
Numéro 88 décembre 2019
Editorial
Dans ce numéro de Décembre 2019, vous trouverez trois articles en santé animale illustrant le rôle primordial des réseaux de surveillance dans l’identification et la hiérarchisation des tendances et menaces
au niveau national, et un article en sécurité sanitaire des aliments présentant la jeune Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (SCA).
Les faits marquants identifiés par le réseau de surveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) pour l’année 2017 contenus dans le premier article font état de l’extension continue du Résapath en dix ans et d’une tendance globale de la résistance à la baisse pour presque tous les antibiotiques et pour presque toutes les espèces animales étudiées. Le deuxième article présente le fonctionnement du réseau de surveillance national des causes de mortalité équine (Resumeq) qui est un dispositif de surveillance évènementielle créé en 2015 et centralise à ce jour environ 1 400 cas
d’autopsie équine. Le troisième article est une synthèse des pathologies signalées au Réseau National d’Observations Epidémiologiques en Aviculture (RNOEA) par les laboratoires en 2018. Depuis 1989,
le RNOEA permet de surveiller les maladies aviaires en France grâce à la participation volontaire de correspondants vétérinaires praticiens et de laboratoires d’analyses. Enfin, un article présente la Plateforme de sécurité de la chaine alimentaire (Plateforme SCA), dont la convention cadre a été signée en juillet 2018, son périmètre et son organisation.
Le bulletin épidémiologique a fait l’objet ces deux dernières années d’une réorganisation qui a eu pour conséquence une altération du rythme de publication aussi bien pour les numéros trimestriels que
pour les numéros spéciaux. Les évolutions mises en places par le comité de rédaction vont permettre de retrouver en 2020 une planification conforme à la politique de publication du journal et favoriseront
la mise en ligne rapide des articles sur le site internet.
Bonne lecture
Le comité de rédaction
Au sommaire
Articles
LA PLATEFORME SCA : UN OUTIL AU SERVICE DE LA SURVEILLANCE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE
La surveillance sanitaire de la chaîne alimentaire est nécessaire pour fournir des informations et des analyses fiables sur la situation et l'évolution d'une contamination, chimique, physique ou biologique, à un ou plusieurs stades de la chaîne alimentaire. La convention cadre de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (Plateforme SCA) a été signée en juillet 2018 par ses quatorze membres publics et privés. Cet article présente les objectifs de la Plateforme SCA, son périmètre et son organisation. Il fait une revue des travaux en cours au sein de la Plateforme SCA et présente la coordination mise en œuvre avec les deux autres plateformes d'épidémiosurveillance en santé animale et en santé végétale.
RESEAU NATIONAL DE SURVEILLANCE DES CAUSES DE MORTALITE DES EQUIDES (RESUMEQ) : RETOUR D’EXPERIENCE SUR UN JEUNE RESEAU
Le réseau de surveillance national des causes de mortalité équine (Resumeq) a été créé en 2015. Via la centralisation de données d'autopsie et leur analyse épidémiologique, ce réseau a pour objectifs i) la qualification des causes de mortalité équine, ii) le suivi de leur évolution dans le temps et l'espace et iii) la détection précoce de maladies émergentes. Resumeq est un dispositif de surveillance évènementielle qui implique une diversité d'acteurs et de structures. Une organisation institutionnelle a été définie comprenant un comité de pilotage, un comité scientifique et technique et une unité de coordination. Différents outils ont été développés tels des protocoles d'autopsie standardisés, un thésaurus des termes anatomo-pathologiques et un thésaurus des causes de mortalité des équidés. Une application web a été créée permettant la visualisation interactive des résultats de l’analyse des données collectées par les acteurs du réseau. Les quatre écoles vétérinaires françaises, 28 laboratoires vétérinaires et 12 cliniques vétérinaires contribuent déjà à la production et à la centralisation de données standardisées. A ce jour, environ 1400 cas d'autopsie équine, principalement localisés dans l’Ouest de la France, ont été centralisés et la couverture géographique s'améliore progressivement. L'analyse des données permet de hiérarchiser les principales causes de mortalité et d'identifier les menaces potentielles au niveau local, régional ou national. Ces premiers résultats démontrent la faisabilité et l'intérêt de cette surveillance au niveau national.
SYNTHESE DES PATHOLOGIES AVIAIRES OBSERVEES EN 2018 PAR LE RESEAU NATIONAL D’OBSERVATIONS EPIDEMIOLOGIQUES EN AVICULTURE (RNOEA)
Depuis 1989, le RNOEA (Réseau National d’Observations Epidémiologiques en Aviculture) géré par l’Anses Ploufragan permet de surveiller les maladies aviaires en France grâce à la participation volontaire de correspondants vétérinaires praticiens et de laboratoires d’analyses.
L’objectif est de présenter une synthèse des pathologies signalées au RNOEA en 2018 chez les volailles de production des filières Gallus (chair et ponte), dindes, pintades, canards et gibiers.
En 2018, 11 880 signalements de pathologies ont été transmis au RNOEA par les laboratoires dont 54,4 % chez les Gallus et 22,7 % chez les dindes. Ces signalements proviennent majoritairement du Grand Ouest de la France (41 % en Pays de la Loire et 31 % en Bretagne). La colibacillose est la pathologie la plus fréquemment signalée au RNOEA dans la plupart des productions, représentant notamment 26,1 % des maladies du Gallus chair et 19,7 % des maladies des dindes. L’émergence de certaines pathologies a également été observée, comme les signalements d’Enterococcus depuis le début des années 2000 et récemment, depuis 2017, de la pancréatite virale de la pintade. En tenant compte des limites du RNOEA, ce réseau permet de disposer d’un historique et de tendances épidémiologiques des pathologies aviaires en France depuis 30 ans.